Le pommier aux pommes dorées

© privat

Von Pauline Kluth, A. U. Appolinaire Apetor-Koffi, Vera Georgs und Jakob Schulz

Dieser Text ist im Seminar „Au tour du conte. Conter et Écrire un conte“ bei Marie-Célie Agnant im Sommersemester 2023 entstanden. Das Seminar war Teil des Writer-in-Residence Programm des INPUTS, bei dem postkoloniale Künstler:innen an die Universität Bremen kommen. Neben ihrem künstlerischen Schaffen geben sie auch kreative Schreibseminare für Studierende. Im Sommersemester 2023 ist darin dieser Text auf Französisch entstanden.

Il était une fois une douce ânesse grise nommée IAnne et une chatte noire prénommée Miaula. Elles vivaient ensemble avec leur amie fantôme, une chouette appelée Chouhouu .

Un jour, elles décidèrent de partir à l’aventure vers une ferme légendaire qui abritait un pommier magique. Ce pommier, disait-on, portait des pommes dorées, capables de rassasier instantanément toute faim et leur saveur était à la hauteur de l’imagination. Mais, la meilleure chose était que ce pommier produisait des fruits toute l’année!

L’ânesse grise IAnne, avait fui la ferme où elle vivait auparavant. Elle n’était pas maltraitée mais surtout elle en avait marre de cette nourriture fade pour les animaux. Chaque jour, chaque repas, chaque fois elle ouvrait sa bouche pour manger le même goût de papier avec une prise de rien. 

Miaula, elle, en avait assez de devoir chasser des souris pour survivre, car elle aurait préféré être végétarienne.Et surtout elle en avait marre de cette nourriture pour les animaux. Chaque jour, chaque repas, chaque fois elle ouvrait sa bouche pour manger le même goût de souris morte avec une prise de regret.

Quant à Chouhouu, elle était morte depuis si longtemps qu‘elle ne souhaitait plus qu’une chose : pouvoir goûter à nouveau la joie de vivre avant de rejoindre sa vie d’esprit dans le monde des fantômes.Et surtout elle en avait marre de cette nourriture pour les animaux morts. Chaque jour, chaque repas, chaque fois, elle ouvrait sa bouche pour manger le même goût de rien avec une prise de rien. Désormais il n‘y avait pas de nourriture pour les animaux morts !

Un beau jour de printemps, alors que les fleurs commençaient à s’ouvrir, que les oiseaux cherchaient de la nourriture pour leurs petits qui pépiaient tout le matin, les trois compagnons se mirent en route vers leur destination, pleins de courage, d’espoir et de faim.

Sur leur chemin à travers la sombre forêt, elles rencontrèrent une fleur brillante. Elle brillait si fort qu’on pouvait voir ses rayons de lumière dans l’obscurité de la forêt. Elle brillait si fort qu’on pouvait dire qu’elle brillait encore plus fort que le soleil. Mais… cette fleur tremblait de peur face à l’obscurité. Étant une ânesse compatissante, IAnne s’approcha doucement et lui demanda ce qui n’allait pas. La fleur expliqua qu’elle a peur quand la forêt est sombre, donc toujours.  

Miaula, qui avait l’âme d’une protectrice, eut une idée. Elle proposa de rester près de la fleur pendant un jour et une nuit et de lui tenir compagnie, afin de lui montrer qu’il n’y avait rien à craindre de l’obscurité. 

IAnne, Miaula et Chouhouu se mirent alors en cercle autour de la fleur brillante, qui était dans la sombre forêt. Elles s’apprêtaient donc à passer tout d’abord la journée puis toute la nuit avec la fleur peureuse. Pour que les heures d’attente ne soient pas ennuyeuses, IAnne, Miaula et Chouhouu décidèrent de se raconter des souvenirs concernant leur peur personnelle. L’ânesse IAnne débuta en parlant de son enfance. 

  • Lorsque j’étais un petit ânon, je vivais avec mes parents et mes frères et sœurs, de même que les tantes, oncles, cousins et cousines. Une nuit, la lune éclairait la savane, le plateau et la prairie, lorsque les loups envahirent notre prairie. Ils prirent possession de notre étang où nous nous abreuvions, cette retenue d’eau qui garantissait dans le temps notre existence. Ils nous avaient attaqué ! Ces loups avaient tué les miens. Ils avaient décimé ma famille. Ils avaient décapité mon père, mes frères et sœurs.
  • Ma mère et moi, poursuivit IAnne, nous avons quitté ce lieu, devenu horrible. Nous nous sommes mis en route pour chercher protection, soit dans les montagnes, soit dans les forêts. Nous avions marché pendant des jours, des semaines et des mois sans trouver un lieu de repos. Nous sommes allés par les plaines et sur les collines bordant les fleuves. Lorsque la peur me gagnait la nuit, ma Maman me disait de regarder dans le ciel pour contempler les astres, ce que je faisais. Dans la journée, j’admirais ma mère comme mon étoile terrestre. Au terme de notre Odyssée, nous nous sommes rendus chez les personnes pour bénéficier de leur protection, et nous avons mis notre force de travail à leur disposition pour les aider.

Lorsque IAnne finit son histoire, le soleil s’apprête à se coucher. C’est alors que la chouette se mit à chanter. Elle chantait l’histoire d’une chouette, qui avait défié sa peur en volant en plein jour vers le soleil. Les chouettes sont normalement des oiseaux nocturnes. Mais ce que nous ne savons pas, c’est que les chouettes pouvaient sortir autrefois comme les autres oiseaux dans la journée ; Chouhouu s’était brûlée en s’approchant trop du soleil. Aujourd’hui, elle n’est plus qu’un esprit.

Miaula pris la parole et dit à la fleur : n’aie plus peur, tu es la plus jolie fleur de l’univers. Tu défies par ta lumière tous ces astres du ciel. Même les rayons du soleil ne parviennent pas à rentrer dans cette forêt. Et toi, tu es présente ici. Ta présence est un cadeau pour cette forêt et pour notre monde. Et surtout ta lumière nous aide à voir nuit et jour dans cette forêt sombre et épaisse.

Le jour suivant, les amies voulaient poursuivre leur route vers le pommier magique qui produisait des pommes dorées.

Chouchouu survola encore une fois la fleur tremblante, qui ne pouvait toujours pas s’empêcher d’avoir peur. Elle vola autour d’elle – une fois, deux fois, trois fois, en hurlant :

  • “Hou hou ! Hou hou ! Miaula et IAnne attendez ! Regardez comme elle tremble ! Nous devons l’emmèner avec nous ! Je me suis attachée à cette fleur. Les amis ne se serrent-ils pas toujours les coudes ? Nous ne pouvons pas la laisser derrière nous.”
  • “Miaouuuuu ! Mais comment allons-nous l’emporter ? Ses racines ont besoin de terre et sont fermement enracinés dans le sol de sa forêt !”

IAnne portait sur son dos un vieux sac de selle en cuir, déjà bien ratatiné par le soleil. Ce sac de selle contenait de nombreux trésors – des souvenirs de sa famille et de la savane – où elle était autrefois chez elle. Mais il débordait aussi de choses comme ceci, comme cela et encore beaucoup plus :

  • “Miaula ! Vite ! Regarde dans mon sac de selle, tu y trouveras peut-être une solution ! Il faut parfois chercher des solutions, comme si on cherchait un trésor, car elles se cachent souvent dans l’obscurité !”

D’un bond, Miaula sauta sur le dos d’IAnne. Elle ouvrit le sac de selle avec son museau et se mit a fouiller dedans avec sa petite patte de velours. Plonc ! Crac ! Bing ! Boïng ! 

  • “J’ai trouvé quelque chose !”

Miaula sortit un pot en terre cuite du sac. Il était peint d’un jaune chaud et éclatant, comme le soleil dans le ciel.

  • “Allez, vite, déterrons-la et plantons-la dans le pot !”

La fleur, qui ne pouvait s’empêcher d’avoir peur, brillait maintenant plus que jamais !

  • “Oh oui ! Je vais certainement me sentir très bien dans ce pot et, si vous êtes avec moi, je n’ai certainement plus besoin d’avoir peur.”

Une, deux, trois minutes passèrent – on ne sait pas exactement, car personne n’avait de montre dans sa poche – et la fleur, qui ne tremblait plus, était dans son nouveau pot en terre cuite, étincelante et rayonnante comme une étoile nouvellement-née. 

Ils ont ensuite attaché la fleur au dos d’IAnne et ensemble, ils ont avancé.

La nuit suivante s’annonçait. Des nappes de brouillard arrivaient de droite et de gauche et un vent frais faisait frémir les oreilles et les feuilles de la troupe. La fleur, qui n’avait plus peur maintenant parce qu’elle se sentait en sécurité dans son troupeau et dans son pot jaune, se fit aussi grande qu’elle le pouvait et brilla aussi fort qu’elle le pouvait ! Le chemin sombre et froid fut enveloppé d’un halo de lumière chaude et brillante. Les amis reprirent courage pour parcourir les derniers mètres restants sur leur chemin vers l’arbre magique. Leurs ventres grondaient. Même les racines de la plante faisaient des bruits de cliquetis, car elle aussi ne trouvait plus assez de nutriments dans son pot.

Chouchouu balança ses ailes argentées – flap flap – et s’envola à nouveau à grande vitesse au-dessus du chemin enveloppé de la lumière de la fleur, puis au-dessus d’un champ et enfin au-dessus d’un autre chemin, jusqu’à une vieille maison dans le jardin de laquelle brillait quelque chose de doré. 

  • “Hou ! Hou ! Ce doit être l’arbre aux pommes dorées !”

Elle s’assit prudemment sur une branche. hffh hffh ce parfum ? De ? Des souris fraîches, des herbes et des noix ? Aussi vite que ses ailes la portent – flap flap – elle s’envola pour retrouver ses amis. 

  • “Hou ! Hou ! Ce n’est plus très loin, là-bas, juste après la fin de ce chemin, après le champ, il y a un autre petit sentier qui nous mène à une vieille maison. Dans le jardin de cette maison, j’ai trouvé l’arbre avec les fruits dorés !”

Les quatre amies se mirent à courir le long du chemin. Elles traversèrent le champ, prirent le dernier petit sentier qui les mena au vieux manoir dans le jardin duquel se trouvait l’arbre aux pommes dorées. Miaula était experte en escalade et en intrusion clandestine dans les vieilles demeures. Elle se faufila à l’intérieur par une fenêtre avec un verre brisé. Là, il y avait de la poussière partout et de nombreuses toiles d’araignées pendaient du plafond en haut, se trouvaient à droite, à gauche et dans les coins. En revanche, il y avait une cheminée avec du bois et un grand salon avec des meubles du siècle passé, mais qui avaient l’air très confortables. Et, la meilleure chose était qu’il n’y avait personne qui aurait pu leur faire du mal. Ni à droite ni à gauche, non, personne n’était visible nulle part.

  • “Dans la maison, il n’y a personne, mais une cheminée avec du bois et beaucoup de meubles du siècle dernier; ils ont l’air très confortables!”

Chouhouu, IAnne, Miaula et la plante, qui n’avait plus peur, se regardèrent et se réjouirent de tout cœur. Ensemble, ils portèrent une corbeille de fruits dorés dans la vieille maison. Elles allumèrent la cheminée et chacun chercha une place sur les vieux meubles confortables. La fleur, qui n’avait plus peur, obtint une belle place à la fenêtre. Chouhouu, IAnne, Miaula croquèrent en même temps dans une pomme dorée, Krouch! C’était si délicieux ! Cette pomme dorée avait le goût de beaucoup avec beaucoup de beaucoup ! Pour la fleur, qui n’avait plus peur, ils avaient broyé une pomme et l’avaient mélangée à de l’eau pour l’arroser.

Les quatre amies étaient d’accord. Il faut rester dans cette veille demeure avec des vieux meubles d’une autre époque, mais assurément très confortables. Elles ont également décidé ensemble qu’elles feront de cette vieille maison un nouveau foyer. Un foyer où personne n’aura plus faim ni peur et où quatre amies auront une nouvelle famille.Figurez-vous – le foyer et la famille se trouvent là où le cœur se réjouit.

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